Face au manque persistant de médecins, la répartition des tâches entre professionnels de santé évolue. Gros plan.

Voilà des années que les collectivités locales du Berry bataillent pour attirer des médecins. Toutes les couches du fameux mille feuilles y participent. Souvent sous l’impulsion de communes ou de groupements de communes, la Région Centre-Val de Loire a cofinancé la création de 122 maisons de santé pluridisciplinaires, lesquelles constituent un cadre de travail apprécié des jeunes générations. Le conseil régional ambitionne de recruter, d’ici 2028,

300 médecins salariés dans les centres de santé gérés par le groupement d’intérêt public Pro Santé. Avec l’association Médecins solidaires, il a ouvert deux centres à Charenton-du-Cher et Reuilly, où se relaient des médecins volontaires pour de courtes périodes. La Région développe enfin les formations paramédicales. Elle pilote la création de nouveaux instituts de formation d’infirmiers et d’aides-soignants à Châteauroux et à Vierzon… Les Conseils départementaux de l’Indre, du Cher et de la Creuse ne sont pas en reste. Ils facilitent le séjour d’étudiants stagiaires, notamment sur la question du logement. Contre la promesse d’exercer dans leurs territoires, ils proposent des bourses d’études aux futurs médecins, kinés, dentistes et orthophonistes, ainsi qu’aux sages-femmes dans la Creuse. Ils soutiennent l’acquisition d’équipements de télémédecine. Le Département de l’Indre verse aussi une aide à l’installation aux médecins, kinés, dentistes et orthophonistes. Quant au Cher, il a affrété un bus avec, à son bord, un généraliste qui rencontre les patients sans médecin traitant dans les zones dépourvues de médecin. L’Assurance maladie apporte sa pierre à l’édifice à travers des aides financières aux praticiens qui s’installent en « zone d’intervention prioritaire. » Le nord de la Creuse et presque tout le Berry à l’exception de Bourges et de Châteauroux sont couverts par ce zonage. Les agences régionales de santé, qui déterminent ces zonages prioritaires, versent elles aussi des aides et l’Etat accorde des exonérations fiscales aux médecins dans les zones France ruralités revitalisation (les anciennes ZRR). […]

Des infirmières formées pour le suivi des malades chroniques stabilisés

Les infirmiers en pratique avancée sont encore relativement peu nombreux mais rendent de grands services aux médecins, leur permettant d’élargir leur patientèle en assurant le suivi de malades chroniques.

Depuis 2018, des infirmiers et infirmières reprennent leurs études pendant deux ans afin de pouvoir assurer le suivi de malades chroniques stabilisés en coordination avec leur médecin traitant. La faculté de Tours a formé 80 Infirmiers en pratique avancée (IPA) exerçant dans le Centre-Val de Loire, majoritairement en établissement de santé. Selon l’ARS, six seulement exercent en libéral dans le Berry. « Le modèle économique des IPA n’est pas forcément très adapté à l’exercice libéral parce qu’il faut atteindre un seuil de 250 ou 300 patients pour en vivre, explique Anne Bencteux, directrice des soins à l’Agence régionale de santé chargée de la promotion des métiers paramédicaux et de leur formation. De plus, les médecins se montrent parfois frileux. » Pas ceux de la maison de santé de Boussac qui ont proposé eux-mêmes cette spécialisation aux infirmières de la structure. Floriane Pignot s’est saisie de cette opportunité et s’est formée à la faculté de Limoges, tout en continuant d’exercer. « Les aides de l’ARS, de l’Assurance maladie et de la communauté de communes n’auraient pas suffi. La formation en elle-même est plutôt pointue et jongler avec le travail pendant deux ans n’a pas été facile professionnellement et personnellement. » IPA depuis bientôt un an, Floriane Pignot suit environ 600 patients qu’elle voit tous les quatre mois en alternance avec l’un des cinq généralistes de la maison de santé, beaucoup de gens plutôt âgés souffrant de diabète ou de problèmes cardiovasculaires. Elle renouvelle leurs ordonnances, peut ajuster la posologie, prescrire des médicaments en accès libre et, en cas de problème, les renvoie vers le médecin. […]

 

Un accès direct freiné… par le manque de kinés

La loi Rist permet sous certaines conditions de faire appel à un kinésithérapeute sans ordonnance.

Depuis la loi Rist de 2023, les patients peuvent s’adresser directement à un kinésithérapeute, sans ordonnance du médecin, à condition que ce kiné exerce dans une maison de santé pluridisciplinaire, en centre de santé ou au sein d’une équipe de soins primaires. Le nombre de séances sans contrôle médical est limité à huit et le kiné doit non seulement inscrire un compte rendu dans le dossier médical partagé du patient mais aussi l’envoyer au médecin traitant, ce qui, en théorie du moins, empêche les patients sans médecin traitant de s’adresser directement à un kinésithérapeute. […]

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